Pourquoi rapporter de bonnes nouvelles au bureau ? Primo parce que les médias se chargent déjà des mauvaises et, secundo, parce que ça fait de toi quelqu’un d’extraordinaire et que ça éloigne les rabat-joie !
Ok, les mauvaises nouvelles, c’est comme l’ennemi commun, ça crée du lien. Et comme créer du lien permet de se sentir moins seul au milieu de la foule, les commérages et les « conspirations » de couloir ont de beaux jours devant eux.
Alors, pourquoi « perdre son temps » avec les bonnes nouvelles ?
Parce que ta singularité justement se dessine en dehors du bruit de la foule, et parce que ce sera une source de sérénité pour toi-même, et d’amélioration de ton environnement quotidien – 8 heures par jour pendant 40 ans : le bureau.
Quelles sources de bonnes nouvelles pour le bureau vas-tu découvrir dans cet article ?
• Pourquoi les mauvaises nouvelles font recette
• La notion de groupe social
• L’expérience de la Caverne des voleurs
• Les biais socio-cognitifs du groupe
• Pourquoi émettre de bonnes nouvelles
• Comment vivre heureux dans un monde de merde
• Pourquoi ne pas dire du mal des autres au travail
• Socrate et les commérages
• Vertus des bonnes nouvelles pour l’optimisme et la santé
• Et quelques citations des plus grands ambassadeurs de la pensée hors piste
Ce qui tourmente les hommes, ce n’est pas la réalité mais les opinions qu’ils s’en font (Épictète)
Pourquoi les mauvaises nouvelles font recette
Peut-être parce que le malheur des uns fait le bonheur des autres. Voir les malheurs du monde relativise notre propre situation. Pour autant, est-ce que ça allège notre angoisse ? Sûrement pas.
Comme disait Coluche « Maintenant, ils viennent crever dans le poste pendant qu’on est à table« .
Cela dit, les mauvaises nouvelles « marchent » aussi parce que notre cohésion se tisse toujours mieux face à l’ennemi commun, qu’il s’agisse d’une personne, d’une nouvelle ou d’une menace.
Ce rôle fédérateur de l’identification de « l’ennemi », l’Histoire n’est faite que de ça. Et Muzafer Sherif le démontrera dans les années 1960 avec l’expérience de la « Caverne des voleurs ».
Le phénomène reste toujours d’actualité, que ce soit face à l’ennemi terroriste, à la menace sanitaire, ou d’un crash de l’économie mondiale, comme l’expose George Lewi dans sa « Fabrique de l’ennemi » (Ed Vuibert, 2014).
Petite précision sémantique au passage : à la différence du concurrent, l’ennemi veut notre perte.
Et déjà dans son expérience de la « caverne des voleurs », Sherif souligne l’impact du fait que la réussite de l’endogroupe (nous) dépende de l’échec de l’exo-groupe (eux).
Pourquoi m’inquiéterai-je pour les générations futures ? Qu’ont-elles fait pour moi ? (Groucho Marx)
Définition du groupe, Chantal Leclerc (1999)En fouillant dans mes cours de psy, je suis tombé sur ce passage qui tombe à pic ! Extrait… Un groupe est un champ psychosocial dynamique constitué d’un ensemble repérable de personnes dont l’unité résulte d’une certaine communauté du sort collectif et de l’interdépendance des sorts individuels. (1) Résumé des travaux de Sherif (1961)La caverne des voleurs• 24 enfants, répartis en 2 groupes de 12, participent à l’expérimentation. Les équipes constituées à deux moments différents sont installés dans des logements éloignés. Aucun contact n’est possible entre ces 2 groupes. • La 1re semaine, les enfants sont invités à participer à des activités de loisirs. Chaque groupe se donne un nom : les Eagles (les aigles) pour les uns ; les Rattlers (les crotales) pour les autres. • La 2e semaine, un tournoi est organisé. Les gagnants remporteront un trophée ainsi que de beaux couteaux. La réussite d’une équipe implique l’échec de l’autre. Très rapidement des insultes et des accusations de tricheries sont proférées par les 2 groupes. Les 2 équipes vont même organiser des raids dans les dortoirs des « ennemis » en y semant la zizanie. À la fin de chaque épreuve, chaque équipe surestime ses performances et sous-estime les performances de l’autre équipe. • La 3e semaine, l’expérimentateur teste comment réconcilier les deux groupes. Les enfants devront résoudre des problèmes nécessitant le travail conjoint de tous. On observe alors que plus le nombre de ces situations de coopération est important, plus l’hostilité s’estompe. Dans cette expérience de Sherif, les Eagles et les Rattlers ne se sont pas contentés de se détester et de se combattre. Ils ont aussi considéré les 2 groupes différemment et fait apparaître l’émergence de stéréotypes. Chaque groupe se voyait courageux, fort et amical. Les membres du groupe « ennemi » était vus comme faibles et malhonnêtes. Source : www.psy4tech.com/la-caverne-des-voleurs Conclusion« Des individus amenés à réaliser ensemble un but grâce à des actions interdépendantes deviennent un groupe ; ils développent une hiérarchie sociale et des normes spécifiques. Lorsque deux groupes ont à réaliser des projets incompatibles – l’un d’eux ne pouvant réaliser son projet qu’à condition que l’autre n’y arrive pas – une perception défavorable se développe entre les groupes, et les membres d’un groupe n’envisagent et n’opèrent que des contacts hostiles avec ceux de l’autre groupe. Ils augmentent la solidarité à l’intérieur de leur groupe, tout en adaptant, au besoin, leur structure sociale aux exigences créées par le déroulement du conflit. En revanche, l’introduction d’un projet d’intérêt supérieur qui nécessite la collaboration des deux groupes fera disparaître l’hostilité ; elle rendra la perception de l’autre groupe plus favorable et permettra l’établissement de rapports de camaraderie entre les membres des deux groupes. » (1) |
On peut donc prévoir le succès de mauvaises nouvelles qui stigmatisent « l’autre » et renforcent la cohésion et le sentiment d’appartenance à son propre groupe…
Mais on voit aussi la force de l’intérêt supérieur qui permet de dépasser les oppositions et de fédérer autour du bien commun. Ne s’agit-il pas là d’une bonne nouvelle ?
L’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse (Proverbe africain)
Pourquoi alors émettre de bonnes nouvelles ?
Avant de répondre à cette question – pourquoi des bonnes nouvelles – voyons un dernier petit argumentaire en défaveur du « consensus ».
Les biais socio-cognitifs du groupe
Certes, la cohésion sociale est source de performance dans l’entreprise (voir l’effet Hawthorne* : Elton Mayo, 1949), néanmoins, on observe que le groupe n’est pas synonyme d’élévation de l’esprit.
» D’ailleurs, j’ai confectionné un petit guide sur le sujet* que je t’offre à la fin de cet article.
De la psychologie des foules de Gustave Le Bon (1895) ; aux travers du conformisme de Salomon Asch (1951) ; ou de l’obéissance de Stanley Milgram (1963) : quand la responsabilité individuelle peut prendre la poudre d’escampette, elle n’hésite pas.
Et les études récentes sur l’allégeance aux normes sociales dominantes (Gangloff, 1995 ; Dagot, 2000) démontre scientifiquement le formatage consentant de masse observé empiriquement chaque jour.
On peut d’ailleurs observer avec quel zèle la majorité peut adhérer à n’importe quel modèle fédérateur face à la peur instrumentalisée.
Pythagore défendait l’idée de métempsycose, théorie selon laquelle l’âme se perfectionne au fur et à mesure des vies successives. Sachant que nous ne pourrons pas trancher sur la question, ne nous privons pas pour autant de la contribution amusante de Saegaert et Gary (2015) : « Cette théorie de progrès perpétuel de l’âme a depuis été réfutée par certains participants à des émissions de télé-réalité. S’il avait vécu à notre époque, Pythagore aurait-il abandonné son idée ? » |
Il ne s’agit pas pour autant de venter la misanthropie, de vouloir à tout prix se démarquer et être meilleur que les autres.
D’ailleurs je répète : plutôt que de chercher à être meilleur que les autres, devenons meilleur que soi-même. Et pourquoi ? Pour donner le meilleur de soi-même et ainsi vivre le meilleur de soi-même.
On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré (Albert Einstein)
On peut vivre heureux dans un monde de merde
Dans son opus Tout va mal… Je vais bien ! Philippe Bloch propose des clefs pour dépasser la sinistrose ambiante et redécouvrir les plaisirs et les opportunités du quotidien.
« Arrêter de relayer les catastrophes auprès de nos collègues autour de la machine à café. […] Redevenir attentif à ce qui marche bien. Nous réveiller ou nous endormir avec la musique qu’on aime plutôt qu’avec les seules infos de la nuit.
En clair, utiliser le redoutable pouvoir des mots pour devenir une gigantesque Dream Team rédactionnelle et interconnectée de l’optimisme. Chacun de nous peut désormais être un puissant émetteur de bonnes nouvelles contagieuses au bureau.
Une lourde responsabilité mais surtout une tâche colossale dont on commence heureusement à comprendre la nécessité »
Tels sont les derniers mots du premier chapitres qu’on pourrait résumer par cette liste d’objectifs à se répéter chaque matin en mode Maître Yoda !
- Un émetteur de bonnes nouvelles tu deviendras
- Ta confiance plus souvent tu accorderas
- Sur ce qui dépend de toi, tu te concentreras
- De personne jamais rien tu n’attendras
- Des projets fous tu imagineras
- La nostalgie tu banniras
- Le goût du risque tu retrouveras
- Ton pouvoir tu conserveras
- La bienveillance toujours tu incarneras
Le bouquin est semé de petites maximes dont vous retrouvez quelques extraits dans cet article.
Si ton problème a une solution, alors il ne faut pas t’inquiéter. Et s’il n’a pas de solution, t’inquiéter n’y changera rien (Dalaï Lama)
V’là qu’il pleut !
Vous aviez prévu un pique nique ou un after work entre collègues, mais la météo et Brigitte viennent de vous annoncer de la pluie pour la fin de journée ? Pas de panique !
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Pourquoi ne pas dire de mal des autres au travail ?
Véhiculer de bonnes nouvelles au bureau est tout à fait dans l’esprit des 110 règles d’or du travail de Richard Templar.
« Partout autour de vous des idiots sont promus ; il y a trop de travail ; trop de systèmes stupides. C’est vrai, chienne de vie…
Maintenant expliquez-moi en quoi gémir vous aidera […] Gémir a été inventé par des gens qui […] lorsqu’ils se sont bien plaints, commencent à cancaner »
« Râler va juste attirer à vous les autres râleurs ; va vous encourager à baisser les commissures des lèvres ; vous conférer la réputation de quelqu’un qui ne propose rien de positif ; vous démotiver et vous placer dans un cercle vicieux »
En conclusion, inutile de râler, c’est stérile et au mieux ça attire les casse-pieds.
Vivement demain que tout soit comme hier (Coluche)
Vérité, bonté, utilité : les trois tamis de Socrate
Ainsi donc il serait déconseillé de cancaner ?
L’idée n’est pas neuve. Direction la Grèce antique, autour de 450 avant Jésus-Christ.
Un jour, un élève de Socrate vient à sa rencontre tout excité.
« Socrate, Socrate, Socrate, tu sais ce que je viens d’apprendre à propos de Diogène ? »
« Houlaaa ! Doucement mon petit, un instant » répondit Socrate, « avant de me raconter ça, es-tu absolument sûr que ce que tu vas me dire est la vérité ?«
« Euh… Non, en fait, j’en ai entendu parler… »
« Ah ? Bon… » dit Socrate, « tu ne sais donc pas si c’est vrai ou faux… Est-ce-que ce que tu vas me dire au sujet de Diogène est quelque chose de bon ?«
« Alors, là ! Non (Ho ho ho) au contraire ! »
« Mhhh… Ainsi, » continue Socrate, « tu t’apprêtes à me dire au sujet de Diogène quelque chose qui pourrait être mauvais alors que tu ne sais même pas si c’est vrai ? »
Le jeune semble un peu embarrassé.
Socrate continue : « Ok, détends-toi, gamin ! Est-ce-que ce que tu vas me dire au sujet de Diogène peut m’être utile ?«
« Utile ? Bah… je sais pô… Non je ne pense pas vraiment. »
« Ah oui ! Bien » conclut Socrate, « Écoute mon pote, si ce que tu veux me dire, n’est ni vrai, ni bon, ni même vraiment utile, pourquoi me le dire ?«
« Perso, je ne veux rien en entendre, et si je peux te donner un petit conseil, garde-toi de cancaner et oublie cette histoire. »
Cette leçon vaut bien un fromage sans doute. Euh, pardon… Ce petit détour socratique donne donc du crédit à l’expression de bonnes nouvelles qui ne cochent peut-être pas toujours la case « véracité » mais qui sont globalement compatibles avec les deux principes de bonté et d’utilité.
La bonne intention est louable même si on n’atteint pas pour autant la perfection.
Ne craignez par la perfection, vous ne l’atteindrez jamais (Salvador Dali)
Les bonnes nouvelles pour une meilleure santé au bureau
Les bonnes nouvelles au bureau sont clairement un antidote au pessimisme. Aussi bien pour les autres que pour soi-même. Il n’y a pas de miracle, la mémoire retient ce qu’on prend l’habitude d’y déposer…
Pour en aborder les vertus côté santé, éclairerons-nous à la lanterne de Philippe Gabilliet dont l’Éloge de l’Optimisme nous rappelle les bienfaits d’un état d’esprit positif.
Les racines de cette entreprise puisent dans les profondeurs de l’histoire. La parole au Roi Salomon qui nous déclare dans le Livre des Proverbes (Bible 15:13) « Un cœur joyeux rend le visage serein mais quand le cœur est triste, l’esprit est abattu« .
Certes, cette révélation révolutionnaire commence à dater mais l’auteur nous livre aussi des clefs plus récentes issues de la recherche sur les liens observés entre bonne humeur et santé.
Les études menées depuis plus de 60 ans par différents laboratoires se recoupent et concluent que les hommes et les femmes manifestant une forte tendance à l’optimisme :
• ont moins de jours d’arrêt maladie que les autres
• sont plus résistant aux infections de toutes sortes
• présentent moins d’accidents vasculaire cérébral
• résistent mieux au stress et aux épisodes dépressifs
• ont un taux de survie supérieur aux autres après un infarctus
• récupèrent plus rapidement et présentent des rémissions plus longues après une chimiothérapie
• vieillissent mieux physiquement et psychologiquement…
Donc si je résume les 7 meilleures raisons de devenir un émetteur de bonnes nouvelles au bureau
1- ça éloigne les cons
2- ça ensemence des pensées positives dans ton cerveau
3- ça te rend toi-même moins con
4- ça attire les gens positifs
5- ça te donne des airs de philosophe grec… sans la toge (mais ça ne t’interdit pas de la porter)
6- ça te préserve du vieillissement
7- ça renforce ta résistance au stress
Je suis sûr qu’on pourrait trouver d’autres raisons mais faudrait que je change le titre de la section… faut pas déconner.
Cela dit, dis-nous en commentaire les autres raisons d’émettre des bonnes nouvelles au bureau qui comptent à tes yeux.
Conclusion
Émettre de bonnes nouvelles au bureau est une habitude saine à adopter. Elle requière de la vigilance et une certaine volonté tant notre réflexe grégaire nous pousse au commérage et à la recherche d’un ennemi commun contre qui se liguer. Les médias, passés experts dans le relai de mauvaises nouvelles, ne font d’ailleurs rien pour nous faciliter la tâche.
Mais les auteurs cités dans cet article, porteurs de bonnes nouvelles devant l’Éternel, portent eux-mêmes la Bonne Nouvelle en invoquant l’optimisme et le savoir-vivre au bureau pour améliorer la santé mais aussi la carrière !
Alors, plutôt qu’absorber ta dose quotidienne de catastrophes médiatiques, fais ta propre revue de presse positive, les nouveaux médias ne manquent pas, et rapporte quelques bonnes nouvelles à la machine à café le lundi matin au bureau.
On compte sur toi pour partager ici en commentaire avec nous tes dernières bonnes nouvelles !
À bientôt,
> Daniel
Comment résister au conditionnement collectif
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Comment développer sa vigilance
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Sources bibliographique
- (1) Alain Blanchet, Serban Ionescu, Marcel Bromberg, Alain Trognon, et coll. Nouveau cours de psychologie sociale. PUF, Paris 2007.
- Paul Saegaert, Jules Gary. Je découvre la philosophie aux toilettes. Tut-Tut, Paris 2015.
- Philippe Bloch. Tout va mal… Je vais bien ! Comment vivre heureux dans un monde de merde. Ventana. Paris 2015.
- Richard Templar. Les 110 règles d’or du travail. Marabout. 2013
- Philippe Gabilliet. Éloge de l’optimisme. Saint-Simon. Paris, 2010.
Cet article est inspiré d’une première publication sur zouzenparis.fr
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