Bonjour !
J’ai envie de partager avec vous un focus très intéressant sur les freins et les leviers de l’apprentissage à l’âge adulte, glané au fil de mes lectures sur le site medium.com.
Je pense que l’approche de l’auteur qui utilise le dessin comme métaphore et outil d’exploration des concepts d’apprentissage et de perception du monde pourrait vous intéresser.
De plus, l’article encourage une forme de pleine conscience à travers l’observation attentive nécessaire au dessin et de lâcher-prise des présupposés, ce qui me semble bien proche de notre recherche zouzen !
Voici en quelques points ce que raconte cet article :
• L’auteur, un ancien professeur de physique, établit un parallèle entre l’apprentissage de la physique et celui du dessin.
• Les difficultés d’apprentissage proviennent souvent de nos connaissances préexistantes plutôt que d’un manque de talent.
• L’apprentissage du dessin implique d’apprendre à « voir » vraiment, en mettant de côté nos préconceptions.
• Ce processus de « désapprentissage » est applicable à de nombreux domaines, y compris la physique.
• L’auteur souligne l’importance de remettre en question nos certitudes et d’adopter une attitude d’exploration continue.
Alors, si la réflexion vous intéresse, je vous propose d’entrer tout de suite dans le vif du sujet !
Dessiner pour savoir apprendre
Apprendre à dessiner pour apprendre à voir
(Texte inspiré de article de Paul Walker “Calling All Learners! Draw to Learn” in medium.com)
Ancien professeur universitaire à la retraite, initialement spécialisé en physique, Paul Walker a évolué vers le domaine moins conventionnel du développement pédagogique.
Au fil de ses recherches, il a pu constater que les difficultés rencontrées par les gens dans l’apprentissage de matières telles que la physique (et dans l’apprentissage en général) sont étroitement comparables aux défis que rencontrent les adultes qui veulent apprendre à dessiner.
Ainsi, le parcours d’apprentissage du dessin semble offrir des perspectives majeures sur le principe même de l’apprentissage…
Connaissances d’hier : obstacles d’aujourd’hui
La première étape de cette réflexion est la prise de conscience que la difficulté majeure des adultes qui apprennent à dessiner n’est pas leur ignorance, leur manque d’habileté ou de talent, mais les obstacles créés par ce qu’ils « savent » déjà sur l’objet devant eux.
Si l’on demande à quelqu’un de dessiner un visage, par exemple, la tendance est de dessiner une représentation préconçue de caractéristiques nommées, comme les yeux, plutôt que de se concentrer sur les lignes et les ombres réellement visibles grâce à une observation non filtrée du sujet.
Il y a là un obstacle que la plupart d’entre nous n’a peut-être jamais surmonté : progresser au-delà des dessins symboliques que nous faisons étant enfants.
Bien que nous devenions plus sophistiqués dans notre façon de dessiner en grandissant, le « désapprentissage » nécessaire pour mettre de côté nos connaissances préalables et se concentrer sur les données brutes d’une scène est plus difficile qu’il n’y paraît !
L’enseignement contemporain du dessin vise finalement de plus en plus à « apprendre à voir ».
Ce qu’on découvre dans le processus, c’est que ce que nous appelons normalement « voir » comporte de multiples couches de traitement interprétatif, conséquence de ce que l’on a appris sur le monde et les choses qui le composent.
Bien que ces couches de filtrage soient évidemment utiles, elles finissent par avoir un effet limitant, constituant un obstacle à un apprentissage nouveau, plus avancé.
Et c’est aussi vrai pour la physique que pour le dessin ! En interagissant avec le monde physique, chacun de nous a construit des modèles opérationnels qui médiatisent notre engagement pratique avec la réalité. Par exemple, on apprend assez jeune que les choses chaudes causent de la douleur au contact, mais cela ne se traduit pas par une compréhension complète des phénomènes thermiques.
Nos préconceptions peuvent être « suffisantes » pour les besoins quotidiens, mais commencent à s’effondrer lorsqu’on leur impose des exigences plus importantes.
Marcher sur le feu ? inconcevable !
Ainsi, par exemple, la pratique exotique de la « marche sur le feu », qui consiste à marcher pieds nus sur un lit de charbons ardents, défie toute explication en termes quotidiens, et chacun hésiterait à suivre les pas du marcheur de feu sans une grande anxiété…
En partant des concepts formels de la physique (température, capacité thermique, conductivité thermique, etc.), en plus de l’abstraction inhabituelle que demande cette idée saugrenue, la dissonance cognitive entre les conceptions préalables et le concept exotique non familier produit un conflit dans lequel les préconceptions sous-jacentes ont le dessus : autrement dit, on flippe.
Il faut beaucoup d’efforts et de détermination pour les discerner et les renverser. Soyons rassurés, la suite de l’article ne demande pas de marcher sur des charbons ardents ; l’expérience de pensée se veut suffisante.
Reculer : pour mieux avancer ?
En abandonnant nos notions familières, on peut avoir l’impression de reculer, d’aller à l’opposé de l’apprentissage.
Mais cela doit se produire inévitablement dans de nombreux domaines d’apprentissage avancé, lorsque les conceptions naïves doivent céder la place à des façons plus complètes et sophistiquées de comprendre et de s’engager efficacement dans le monde.
La frustration qu’éprouve un dactylographe autodidacte lorsqu’il doit apprendre à abandonner le contact visuel avec les touches du clavier pour progresser, est un exemple simple de la difficulté rencontrée, mais il en existe beaucoup d’autres.
Une grande partie de la difficulté pour les étudiants en physique réside dans sa trivialité. Comparez cela à l’apprentissage des relations humaines, par exemple, où notre capacité d’apprentissage est souvent assez faible face à des stéréotypes et des préjugés inconscients enracinés.
Il est assez évident qu’un dessin est une représentation de son sujet, et, qu’en tant que tel, il est fondamentalement incomplet. Souvent, un dessin qui suggère son sujet, plutôt que de viser le photoréalisme, est beaucoup plus réussi en laissant quelque chose à l’imagination du spectateur. Finalement, même la perception est un acte créatif.
Les conceptions communes de la connaissance dans d’autres domaines, comme la physique, infèrent généralement quelque chose de beaucoup plus solide et factuel. Cela dit, les certitudes que nous possédons sur ce qui est réel et vrai s’étend du quotidien à l’ésotérique. Nous sommes généralement inconscients que les « lois » les plus vénérées de l’univers sont de simples représentations ou modèles, tout comme un dessin.
Et ce dont il faut prendre conscience, est que ces modèles sont notre propre création, non seulement collectivement à la manière des récits héroïques superficiels de scientifiques célèbres, mais aussi individuellement dans notre propre processus d’apprentissage. Apprendre quelque chose, c’est l’inventer soi-même.
Lâcher prise…
La recherche des constituants fondamentaux de l’univers a révélé des distorsions si étranges et merveilleuses de nos attentes normales qu’en fin de compte, l’auteur pense que la seule réponse sensée est de déclarer, comme Socrate : « je ne sais rien ».
Ce que cela a à nous enseigner, cependant, n’est pas de hausser les épaules et de s’en aller, mais de commencer à véritablement prêter attention, à regarder au-delà du premier coup d’œil rapide où nous reconnaissons quelque chose et pensons ainsi le connaître suffisamment.
Dessiner quelque chose nous incite à prêter attention de cette manière, à poursuivre dans un esprit d’enquête plutôt que de nous complaire éternellement dans l’illusion que nous savons déjà.
Au-delà « d’apprendre à dessiner », c’est le dessin en tant que processus, plus que son résultat (également appelé « un dessin »), qui a le plus de valeur.
Le message ainsi porté par l’auteur me semble particulièrement vivifiant : susciter un sens plus profond des notions d’apprentissage (en tant que processus créatif) et d’être (en tant que non-savoir et exploration continue) mis en perspective par l’apprentissage du dessin.
Illustrations : pixabay
Source : medium.com/educreation/calling-all-learners-d6b04d35ef2b (article complet en anglais accessible aux abonnés)